
Bio

Dorothée Myriam Kellou est une journaliste d’investigation, réalisatrice et autrice. Diplômée de l’Institut d’Études Politiques de Lyon et du master d’études arabes de l’Université de Georgetown à Washington D.C., elle est lauréate de la bourse d’excellence Fulbright. Son travail explore les liens entre mémoire, transmission et enquête journalistique, avec un intérêt particulier pour les récits oubliés et les zones de silence de l’histoire franco-algérienne.
Une Journaliste d’Investigation récompensée
En 2016, elle révèle dans Le Monde l’affaire des financements indirects de l'État islamique par le groupe Lafarge en Syrie, une enquête qui lui vaut le prix Trace de l’investigation journalistique en 2017. Son engagement pour une information rigoureuse et indépendante fait d’elle une figure du journalisme d’investigation. Elle collabore régulièrement avec le Monde, France 24, Arte, France télévisions et France culture.
Une réalisatrice et podcasteuse engagée
En 2019, elle réalise le documentaire À Mansourah, tu nous as séparés, qui met en lumière les déplacements forcés de populations civiles par l’armée française durant la guerre d'indépendance en Algérie. Ce film, à la fois historique et intime, prend pour point de départ l’histoire de son père, Malek, réalisateur algérien exilé à Nancy. Il est notamment primé au FIDADOC d’Agadir en 2020 et reçoit une Étoile de la SCAM en 2021. Aujourd'hui, elle co-préside le collectif de femmes réalisatrices Rawiyat qu'elle a cofondé avec dix réalisatrices pour soutenir la création dans la région MENA et diaspora.
Dans la continuité de ce travail de mémoire, elle conçoit en 2020 le podcast « L'Algérie des camps », avec le soutien du prix Albert Londres, pour France Culture. À travers une série d’épisodes documentés et incarnés, elle explore les politiques de regroupement des populations et leurs conséquences, notamment la montée du djihadisme dans les anciens camps de l'Algérie rurale. Ce podcast est finaliste du prix sonore découverte de la Scam 2021.
Elle vient de terminer un nouveau podcast pour Arte Radio sur la statue du sergent Blandan, « héros » de la conquête coloniale en Algérie et fantôme de son père, aujourd’hui érigée sur la place publique à Nancy. La sortie est prévue à l’automne 2025.
Une autrice entre héritage et transmission
En 2023, elle publie « Nancy-Kabylie » aux éditions Grasset, un ouvrage où elle interroge la possibilité de transmettre malgré les fils rompus l’exil et à la guerre. À travers une écriture intime et documentée, elle tisse un récit à la croisée du journalisme et de la littérature, posant un regard sensible sur les mémoires en tension. Le livre sort chez Casbah Éditions en Algérie en octobre 2024. Il reçoit le prix littéraire de la Grande mosquée de Paris, meilleur essai 2024.
Un engagement pédagogique et culturel
Depuis 2019, Dorothée Myriam Kellou intervient dans divers établissements – collèges, lycées, universités, musées, centres culturels, prisons en France, au Moyen-Orient et aux Etats-Unis – pour sensibiliser aux enjeux de la transmission des mémoires. Elle enseigne également la technique de l’enquête à la première personne, notamment à travers le format du podcast. Elle est notamment intervenue à l’ICN à Nancy, à l’école publique de journalisme de Tours et à l’Institut européen du journalisme à Paris.
En 2024, elle entame une résidence aux Ateliers Médicis, un espace de création et de recherche artistique en Seine-Saint-Denis. Ce projet lui permet d’approfondir son travail sur la mémoire, les récits d’exil et la transmission intergénérationnelle à travers de nouvelles formes d’expression. Elle collabore sur ce projet d’exposition et de création sonore avec la photographe franco-algérienne Lynn SK.
Parallèlement, elle collabore avec le Musée des Beaux-Arts de Nancy sur un projet de contre-monument autour de la statue du sergent Blandan. À travers cette réflexion, elle interroge la place des statues et des récits historiques dans l’espace public, notamment en lien avec l’histoire coloniale.
Un travail reconnu
En 2024, elle reçoit le prix Recanati-Kaplan, récompensant des projets culturels exceptionnels dans le monde arabe et la diaspora. Le prix, créé par la Fondation Recanati-Kaplan et la Villa Albertine en partenariat avec l'Institut du monde arabe, comprend notamment une résidence de deux mois aux États-Unis.