Commandes artistiques
Depuis 2022, Dorothée Myriam Kellou collabore régulièrement avec le musée des Beaux-arts de Nancy. Elle réalise une vidéo "Le fantôme de mon père" présentée dans le cadre de l'exposition Récits postcoloniaux. Sur les traces du Sergent Blandan au musée des Beaux-arts de Nancy (2022-2023).
L’accrochage pluriannuel Récits postcoloniaux est une relecture des collections des musées nancéiens à la lumière de l’histoire coloniale européenne. L'exposition Sur les traces du sergent Blandan revient sur la conquête coloniale de l'Algérie à travers l'histoire de l'un de ses protagonistes, le sergent Blandan. Elle est issue d’un travail pensé par Susana Gállego Cuesta, directrice du musée des Beaux-arts, Kenza-Marie Safraoui, conservatrice du patrimoine et Marion Pacot, attaché de conservation du patrimoine, avec des élèves de première du lycée Jeanne d’Arc de Nancy, leur professeur d’histoire-géographie Etienne Augris et les documentaristes Malek et Dorothée Myriam Kellou.
Le sergent Blandan (1819-1842) est une figure historique de la conquête de l’Algérie au XIXe siècle. Sa postérité et la mémoire dont il est l’objet est liée au maréchal Bugeaud, Gouverneur général d’Algérie, acteur majeur de la colonisation. Dès les années 1840, il met en place une « politique de la terre brûlée», déployant sur les terres à conquérir par la violence des colonnes militaires mobiles, multipliant des «enfumades», c’est-à-dire des feux destinés à asphyxier hommes, femmes et enfants réfugiés dans des grottes, ordonnant razzias et regroupements forcés de populations. Il est l’un des premiers à valoriser le sacrifice du sergent Blandan et à le transformer en héros pour en porter la mémoire.
Un monument a été érigé à sa mémoire en 1887 à Boufarik. La statue a ensuite été transférée à Nancy en 1963, après l’indépendance de l’Algérie, car c’est dans cette ville qu’était basé le 26ème Régiment d’Infanterie, auquel appartenait Blandan et dont il est devenu le symbole. En 1990, elle a été déplacée hors de la caserne militaire Thiry vers une place publique, au bout d’une rue rebaptisée Blandan. Les cendres du soldat, qui se trouvaient dans le socle de la statue depuis son transfert en France, ont été réinhumées au cimetière du Sud de Nancy.
Cette statue est aussi le fantôme de son père, Malek. Il la voyait enfant à Boufarik, situé sur la route de son village à Alger. Quand elle a été érigée dans les années 90 sur la place publique, la mémoire refoulée de son enfance pendant la guerre d'Algérie l'a percuté de plein fouet.
Voir "le fantôme de mon père"
(mdp : mansourah)
Aujourd'hui, Dorothée explore la possibilité d'un projet de stèle à ajouter à la statue du Sergent Blandan.